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Démarche

 

 

 


 

 

 

 

L’un des axes de Pinhole Project est de travailler la notion d’itinérance .
Un travail qui oblige à repenser la forme, l’image et l’écriture , qui interroge les notions d’identité et de territoire.

 

 

Cet atelier tente de trouver des formes et des procédures nouvelles pour élaborer un travail en relation avec l’Autre en abordant la photographie de manière collective : c’est un projet sur le mode de la collaboration, de la co-production où chacun est acteur de sa propre représentation.

 

Le travail d’équipe est une conséquence logique du projet. Il implique dans son principe même, par la place prééminente qu’il offre au réel, un nouvel équilibre entre l’artiste et le monde. Nous estimons que notre rôle, en tant que photographes, est d’entreprendre, de restituer et de nous interroger sur la manière de faire et de montrer des images. Nous nous faisons metteur en scène.

L’expérience du commun dans le travail, au sein de Pinhole Project, est le germe d’un processus en devenir où par la mise en place d’un déplacement du regard s’initie des perspectives nouvelles du rapport l’Autre, de la relation au monde et à ses représentations.

 

C’est par la friction entre les êtres qui décident de vivre une aventure commune, que s’amorce une vision tout à fait nouvelle et balayée de préjugés.

 


 

 

A l’heure du numérique, le sténopé propose une approche complètement différente de la photographie.

La boîte intrigue et sollicite certains à entrer en relation avec nous. C’est un outil fédérateur qui nous permet d’établir une connexion spontanée, des rencontres impromptues. Elle nous permet de nous enrichir de l’histoire individuelle et collective des lieux parcourus.

Les longs temps de pose, nous les mettons à profit pour tisser des liens, créer des espaces de dialogue et de partage d’expériences. C’est l’éloge de la lenteur ; le temps de la pensée et de la réflexion.

Cette technique nous permet également de tenir compte de l’avant et de l’après du geste photographique.

Avec ce procédé, il est impossible de «mitrailler». On n’arme pas, on ne vise pas, on ne shoote plus. On est à juste distance, attentif à la lumière de chaque instant, établissant le temps nécessaire à la prise de vue pour figer l’inscription photographique sur le papier, le film. 
S’adapter au temps de production des images.

 

 

 

 

Cette importance du temps est impliquée par la technique utilisée, celle du sténopé qui est plus qu’une mécanique de production d’image.
Le sténopé permet de saisir la temporalité d’une image – de constituer une durée plus spécifique que l’instant ou le présent habituellement capté par l’appareil photographique.
Il inscrit non seulement dans l’image la durée du temps de pose, de la prise de vue mais ouvre également la durée à une expérience particulière du temps - celle de la rencontre.
Il capte, sans capturer, le moment vécu ensemble.


 

Les images photographiques présentées se situent donc à mi-chemin d’une pratique documentaire et d’une approche plus ouverte, plus généreuse de la photographie, elles ouvrent la possibilité au récit, à la fiction.

Au-delà d’une image document, le sténopé permet d’instituer une image monument où la mémoire se déploie et développe des possibilités de partager des expériences possibles.
Le monument est toujours un signe, un geste qui s’adresse à nous et ces images photographiques ne prétendent qu’à cela, faire un signe pour que notre regard s’attarde un moment sur ces paysages, ces visages, ces corps et se demande ce qu’ils furent, sont et ce qu’ils sont devenus.
Pinhole Project travaille à des images qui ne mentent pas, des images qui s’assument dans leur subjectivité sans jamais franchir le pas d’une esthétisation gratuite. Le but n’étant pas de décrire ni d’enregistrer, mais d’inventer de nouvelles visibilités.
La particularité de l’image sténopé organise notre sensibilité vers un temps suspendu, une écriture poétique qui nous transporte vers un ailleurs : celui d’un territoire en création, fait de sensibilités multiples, de points de rencontre et de rupture aussi.

 

 

La démarche ne peut que se poursuivre, elle le doit même. Il y a dans toute pratique photographique qui se soucie du monde et de ses habitants une forme d’exigence qui révèlerait d’une éthique, d’une manière de se tenir en tant que photographe et de faire tenir celui que l’on photographie.
C’est cette situation là qu’il nous faut maintenant préciser en tant que photographes. 

Il nous semble que notre travail ne peut en rester là, qu’il nous faut dès à présent recueillir de nouveaux témoignages à transmettre.

La photographie, plus particulièrement celle du sténopé, doit nous aider à instaurer une archéologie du présent, de l’actuel.